J’avouais détenir entre mes mains un livre sous forme de
panacée rien qu’en voyant le titre : « Le bonheur intégral »,
paru aux éditions COMED. Son auteur, Mamadou Sy Tounkara, est Professeur d’université
et Docteur en Science politique et Relations internationales. Il est aussi
présentateur d’émissions télévisées.
Cela n’aurait surpris à personne dans cette « débauche »
positive, puisque toutes nos mœurs détournées jusqu’ici doivent entrer dans un
processus de triage et de sélection afin d’être revues et remis sur une bonne
marche. Un éternel sens de remise en question anime l’auteur de ce livre et il y
entraine ses lecteurs puisqu’il bouleverse tout : les incertitudes, les
habitudes, notre manière de penser et d’agir, notre égo bref.
On se croirait détenir un remède éternel comme je l’ai dit. Hélas,
il faut qu’il faille autant de « sueur » pour comprendre que le
bonheur éternel est l’entrainement sur une ligne continue de tout un processus
humain. Le Docteur Thierno Sagna (Psychologue et non moins Préfacier du livre) nous
y rappelle que le bonheur est lié à une émotion positive. Se confrontant de
jour en jour à de nombreux cas de « mauvaise émotion » ou « d’émotion
négative », il est primordial sous nos tropiques de repenser l’esprit.
Ainsi, on devrait tout simplement amener les Hommes vers une « éducation émotionnelle ».
L’auteur lève un amalgame : malgré toutes les inventions
que nous avons polies et sculptées dans le temps et dans l’espace, nous ne
trouvons toujours pas le bonheur « éternel », un bonheur qui ne
serait dérangé ni par le bouleversement de la réalité quotidienne, ni par les
vicissitudes de la vie. Autrement dit « un bonheur béat » ne peut être
assuré malgré tous les crépitements d’idées déversées par notre esprit. « Le
bonheur ne peut donc être parfait ».
Le Professeur d’université nous conduit vers une réflexion
beaucoup plus profonde. Comment résoudre ce problème et installer un bonheur
tout à fait accessible à tous même si nos conditions de vie jouent à notre
défaveur ? Le chapitre sur la VIE (qui en est le premier d’ailleurs)
semble pouvoir apporter une réponse à cette question. L’auteur calque le débat
sur 4 axes principaux qui peuvent répondre (en tout cas pour lui) à la question :
Pourquoi l’être humain est sur terre ?
En première instance, l’individu doit exploiter son cerveau.
Cette matière grise qui est le soubassement de tout développement. Les
scientifiques avec leurs grandes inventions l’ont déjà prouvé : De Steve
Jobs à Tomas Edison en passant par Alexander Graham Bell. Toutes ces idées magnifiques
découlent de l’esprit. Si l’humanité aujourd’hui en est à ce niveau, c’est
grâce à l’esprit. Cette très précieuse molécule que DIEU a dotée à l’homme pour
dominer et séduire la terre et ses étoiles. L’individu doit produire, créer et
inventer. C’est pour cela qu’il l’a été créé si l’on en croit à l’auteur. « Celui
qui n’en est pas conscient meurt pour toujours » dixit-il.
En deuxième lieu, il faut que ce même individu établisse une « connexion
spirituelle ». L’esprit étant déjà un gage efficace pour toute idée de
développement, il faut des valeurs morales pour le contrôler, le dompter. L’aider
à s’aider. La spiritualité religieuse et la morale sont à ce niveau. Elles
permettent de mieux hypnotiser l’esprit animal de l’homme et ainsi réveiller sa
créativité. L’individu a besoin d’une tranquillité de l’esprit et de l’âme qui
ne sont accessibles qu’avec un lien fort avec la spiritualité. On aurait
retrouvé des individus ayant tout sur cette terre mais qui l’apparence laisse à
désirer. Cela nous rappelle qu’un épicentre, Dieu, qui est au-dessus de tout et
qui a tendance à être oublié par tout le monde.
Le Professeur Tounkara dans son idée de nous suggérer
quelques idées du « bonheur intégral » insiste sur un point très
important : l’entraide. S’aider et se sentir à l’aise reviendrait à aider
les autres. Se rendre utile c’est être utile aux autres. Pourquoi d’ailleurs on
s’offusquerait quand notre ami ou voisin fait appel à nous pour une tâche ?
La société nous a façonnés, taillés, polis, domptés, éduqués et mis sur une
trame parfaite pour notre accomplissement. C’est au tour de l’individu
maintenant, une fois qu’il acquière tous les processus de son intégration dans
la société, d’être conscient de l’enjeu fondamental d’être utile aux autres. Mon
bonheur commence là où commence celle des autres. Ceci est une dette
contractée.
Quatrième idée développée par l’auteur est celle de la
protection de l’environnement. Ce sujet est d’actualité. Nous avons assisté
récemment au sommet du COP 21 (COnférence de Paris sur le climat) où des
participants de cette conférence se réunissaient pour décider des mesures à
mettre en place, dans le but de limiter le réchauffement climatique. Nous
commençons à être conscients dès lors que les catastrophes sautent à l’œil nu. Notre
monde est aujourd’hui menacé, intimidé par les fléaux naturels qui n’ont qu’une
seule justification : le dérèglement climatique. L’homme en est l’origine.
On coupe des arbres et on ne reboise point. La couche d’ozone se dégrade
exponentiellement à cause de nombreuses émissions de gaz à effet de serre.
Le dérèglement climatique est à l’origine de cet épiphénomène
du froid qui peine à s’installer au large du Sénégal (qui se manifestait auparavant
au mois décembre). Et au moment où nous vous parlons, la chaleur domine nos
cieux. Nous ne savons pas encore que la moindre rupture des équilibres naturels
entraîne des effets néfastes qui se font ressentir sur notre quotidien. Rien ni
personne n’est supérieur au devoir de préserver la nature. La déforestation et
la dégradation de la forêt dans le monde sont principalement liées à des
activités humaines considérées aujourd'hui plus rentables à court terme que la
préservation ou la gestion durable de la forêt. C’est piteux !
Dans le deuxième chapitre, l’auteur décèle quelques obstacles
au bonheur. La première est d’ailleurs très impressionnante. Une éducation sur
le bonheur. Tout compte fait, il faut le reconnaître, il est quasiment rare de
voir un professeur donner un cours sur le bonheur. « Qui a pris un cours
sur le bonheur ? » dixit Tounkara. Donc cette absence d’éducation et
de conscientisation sur le bonheur et ses contours crée un vide. Puisque le
vide par nature ne peut qu’être occupé, cet espace est pris par tous ces faux
concepts du bonheur que nous voyons aujourd’hui : ARGENT, VOITURES, MAISONS,
EPOUSES, ENFANTS.
En outre, il y a une entrave au processus d’acquisition du
bonheur par les médias. A longueur de journée, nous assistons à du « forcing
médiatique » qui pollue le système nerveux. On assiste à la sur-médiatisation
des catastrophes naturelles, des guerres, des prises d’otages et des tueries (surtout
en ces temps de qui n’est pas djihadiste et qui ne l’est pas). « La
promotion à outrance du malheur et du superficiel par les médias sont l’autre
grand frein au bonheur présentement » dixit l’auteur.
On appelle les médias à plus de responsabilité quant au
recoupement de l’information. Mame Less Camara, Journaliste au Sénégal disait « La
presse s’intéresse tellement aux défauts des autres qu’elle oublie même ceux
qui l’affectent » Et dommage qu’au Sénégal nous cultivons ce culte du « vu ».
Plus le sujet est choquant et sensationnel, mieux ça attire les visiteurs. Dans
le monde auquel nous vivons, il faut apprendre à « terroriser » les
lecteurs pour capter leur attention.
Alors, qu’est-ce le bonheur ? Comment se manifeste-t-il ?
Comment faire pour le créer et le rendre durable dans le temps ? Voilà des
questions auxquelles l’auteur tente d’apporter des réponses. Il nous rassure
dans son tout dernier chapitre : « le bonheur sur terre existe bel et
bien ». Il faut en être conscient d’abord, s’éduquer et éduquer ses
proches sur le concept du bonheur.
L’introduire à l’école et dans les universités ? Je ne
sais pas. Mais de toute façon, il faut une bonne communication sur la notion du
bonheur. L’individu heureux est celui qui utilise à bon escient son cerveau,
qui assure sa bonne connexion spirituelle, qui est utile aux autres, et qui
protège l’environnement. Celui qui endure la souffrance d’une belle endurance,
qui patiente dans les moments durs aussi peut percer les mystères du bonheur. Et
ne jamais oublier une fois le bonheur acquis que « Plus on donne du
bonheur, plus on en reçoit sous toutes les formes, matérielles et spirituelles. »
abdoukhadre2011@gmail.com
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