lundi 25 janvier 2016

Critique littéraire "Le bonheur intégral" du Pr Mamadou Sy Tounkara



J’avouais détenir entre mes mains un livre sous forme de panacée rien qu’en voyant le titre : « Le bonheur intégral », paru aux éditions COMED. Son auteur, Mamadou Sy Tounkara, est Professeur d’université et Docteur en Science politique et Relations internationales. Il est aussi présentateur d’émissions télévisées.

Cela n’aurait surpris à personne dans cette « débauche » positive, puisque toutes nos mœurs détournées jusqu’ici doivent entrer dans un processus de triage et de sélection afin d’être revues et remis sur une bonne marche. Un éternel sens de remise en question anime l’auteur de ce livre et il y entraine ses lecteurs puisqu’il bouleverse tout : les incertitudes, les habitudes, notre manière de penser et d’agir, notre égo bref.

On se croirait détenir un remède éternel comme je l’ai dit. Hélas, il faut qu’il faille autant de « sueur » pour comprendre que le bonheur éternel est l’entrainement sur une ligne continue de tout un processus humain. Le Docteur Thierno Sagna (Psychologue et non moins Préfacier du livre) nous y rappelle que le bonheur est lié à une émotion positive. Se confrontant de jour en jour à de nombreux cas de « mauvaise émotion » ou « d’émotion négative », il est primordial sous nos tropiques de repenser l’esprit. Ainsi, on devrait tout simplement amener les Hommes vers une « éducation émotionnelle ».

L’auteur lève un amalgame : malgré toutes les inventions que nous avons polies et sculptées dans le temps et dans l’espace, nous ne trouvons toujours pas le bonheur « éternel », un bonheur qui ne serait dérangé ni par le bouleversement de la réalité quotidienne, ni par les vicissitudes de la vie. Autrement dit « un bonheur béat » ne peut être assuré malgré tous les crépitements d’idées déversées par notre esprit. « Le bonheur ne peut donc être parfait ».

Le Professeur d’université nous conduit vers une réflexion beaucoup plus profonde. Comment résoudre ce problème et installer un bonheur tout à fait accessible à tous même si nos conditions de vie jouent à notre défaveur ? Le chapitre sur la VIE (qui en est le premier d’ailleurs) semble pouvoir apporter une réponse à cette question. L’auteur calque le débat sur 4 axes principaux qui peuvent répondre (en tout cas pour lui) à la question : Pourquoi l’être humain est sur terre ?

En première instance, l’individu doit exploiter son cerveau. Cette matière grise qui est le soubassement de tout développement. Les scientifiques avec leurs grandes inventions l’ont déjà prouvé : De Steve Jobs à Tomas Edison en passant par Alexander Graham Bell. Toutes ces idées magnifiques découlent de l’esprit. Si l’humanité aujourd’hui en est à ce niveau, c’est grâce à l’esprit. Cette très précieuse molécule que DIEU a dotée à l’homme pour dominer et séduire la terre et ses étoiles. L’individu doit produire, créer et inventer. C’est pour cela qu’il l’a été créé si l’on en croit à l’auteur. « Celui qui n’en est pas conscient meurt pour toujours » dixit-il.

En deuxième lieu, il faut que ce même individu établisse une « connexion spirituelle ». L’esprit étant déjà un gage efficace pour toute idée de développement, il faut des valeurs morales pour le contrôler, le dompter. L’aider à s’aider. La spiritualité religieuse et la morale sont à ce niveau. Elles permettent de mieux hypnotiser l’esprit animal de l’homme et ainsi réveiller sa créativité. L’individu a besoin d’une tranquillité de l’esprit et de l’âme qui ne sont accessibles qu’avec un lien fort avec la spiritualité. On aurait retrouvé des individus ayant tout sur cette terre mais qui l’apparence laisse à désirer. Cela nous rappelle qu’un épicentre, Dieu, qui est au-dessus de tout et qui a tendance à être oublié par tout le monde.

Le Professeur Tounkara dans son idée de nous suggérer quelques idées du « bonheur intégral » insiste sur un point très important : l’entraide. S’aider et se sentir à l’aise reviendrait à aider les autres. Se rendre utile c’est être utile aux autres. Pourquoi d’ailleurs on s’offusquerait quand notre ami ou voisin fait appel à nous pour une tâche ? La société nous a façonnés, taillés, polis, domptés, éduqués et mis sur une trame parfaite pour notre accomplissement. C’est au tour de l’individu maintenant, une fois qu’il acquière tous les processus de son intégration dans la société, d’être conscient de l’enjeu fondamental d’être utile aux autres. Mon bonheur commence là où commence celle des autres. Ceci est une dette contractée. 

Quatrième idée développée par l’auteur est celle de la protection de l’environnement. Ce sujet est d’actualité. Nous avons assisté récemment au sommet du COP 21 (COnférence de Paris sur le climat) où des participants de cette conférence se réunissaient pour décider des mesures à mettre en place, dans le but de limiter le réchauffement climatique. Nous commençons à être conscients dès lors que les catastrophes sautent à l’œil nu. Notre monde est aujourd’hui menacé, intimidé par les fléaux naturels qui n’ont qu’une seule justification : le dérèglement climatique. L’homme en est l’origine. On coupe des arbres et on ne reboise point. La couche d’ozone se dégrade exponentiellement à cause de nombreuses émissions de gaz à effet de serre. 

Le dérèglement climatique est à l’origine de cet épiphénomène du froid qui peine à s’installer au large du Sénégal (qui se manifestait auparavant au mois décembre). Et au moment où nous vous parlons, la chaleur domine nos cieux. Nous ne savons pas encore que la moindre rupture des équilibres naturels entraîne des effets néfastes qui se font ressentir sur notre quotidien. Rien ni personne n’est supérieur au devoir de préserver la nature. La déforestation et la dégradation de la forêt dans le monde sont principalement liées à des activités humaines considérées aujourd'hui plus rentables à court terme que la préservation ou la gestion durable de la forêt. C’est piteux !

Dans le deuxième chapitre, l’auteur décèle quelques obstacles au bonheur. La première est d’ailleurs très impressionnante. Une éducation sur le bonheur. Tout compte fait, il faut le reconnaître, il est quasiment rare de voir un professeur donner un cours sur le bonheur. « Qui a pris un cours sur le bonheur ? » dixit Tounkara. Donc cette absence d’éducation et de conscientisation sur le bonheur et ses contours crée un vide. Puisque le vide par nature ne peut qu’être occupé, cet espace est pris par tous ces faux concepts du bonheur que nous voyons aujourd’hui : ARGENT, VOITURES, MAISONS, EPOUSES, ENFANTS.

En outre, il y a une entrave au processus d’acquisition du bonheur par les médias. A longueur de journée, nous assistons à du « forcing médiatique » qui pollue le système nerveux. On assiste à la sur-médiatisation des catastrophes naturelles, des guerres, des prises d’otages et des tueries (surtout en ces temps de qui n’est pas djihadiste et qui ne l’est pas). « La promotion à outrance du malheur et du superficiel par les médias sont l’autre grand frein au bonheur présentement » dixit l’auteur. 

On appelle les médias à plus de responsabilité quant au recoupement de l’information. Mame Less Camara, Journaliste au Sénégal disait « La presse s’intéresse tellement aux défauts des autres qu’elle oublie même ceux qui l’affectent » Et dommage qu’au Sénégal nous cultivons ce culte du « vu ». Plus le sujet est choquant et sensationnel, mieux ça attire les visiteurs. Dans le monde auquel nous vivons, il faut apprendre à « terroriser » les lecteurs pour capter leur attention.

Alors, qu’est-ce le bonheur ? Comment se manifeste-t-il ? Comment faire pour le créer et le rendre durable dans le temps ? Voilà des questions auxquelles l’auteur tente d’apporter des réponses. Il nous rassure dans son tout dernier chapitre : « le bonheur sur terre existe bel et bien ». Il faut en être conscient d’abord, s’éduquer et éduquer ses proches sur le concept du bonheur. 

L’introduire à l’école et dans les universités ? Je ne sais pas. Mais de toute façon, il faut une bonne communication sur la notion du bonheur. L’individu heureux est celui qui utilise à bon escient son cerveau, qui assure sa bonne connexion spirituelle, qui est utile aux autres, et qui protège l’environnement. Celui qui endure la souffrance d’une belle endurance, qui patiente dans les moments durs aussi peut percer les mystères du bonheur. Et ne jamais oublier une fois le bonheur acquis que « Plus on donne du bonheur, plus on en reçoit sous toutes les formes, matérielles et spirituelles. »

abdoukhadre2011@gmail.com

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