vendredi 22 janvier 2016

Critique littéraire : "La boussole de la réussite" de Chérif Tidiane Aidara



S’il était donné à n’importe qui d’attribuer la qualité de savant, je l’aurai sans doute attribué à l’auteur de ce livre : La boussole de la réussite, Chérif Tidiane Aidara.

La boussole de la réussite est un livre de conseils, un guide pratique pour bien vivre et s’orienter vers la félicité. Il est rempli de citations de grands auteurs et de paroles de sagesse de grands maîtres. Il est écrit en vers libres pour faciliter sa compréhension et son assimilation. Chérif y pullulent des exemples de valeurs humaines à développer, des principes de vie à adopter, des histoires intéressantes qui permettent d’améliorer la qualité de notre vie, et aussi la qualité des relations avec l’autre. Ce livre s’adresse alors à toute personne souhaitant s’épanouir pleinement dans la vie.

Ce qui est beaucoup plus impressionnant, c’est qu’il est écrit par un Ingénieur de conception en Génie électrique, comme quoi tout le monde peut participer à la production littéraire. Chérif étale en 93 pages ses leçons de morale. A la Emmanuel KANT, l’un des philosophes que je considère comme étant un moraliste hors pair, Chérif nous donne des conseils sous forme de vers libres et numérotés. Des conseils classés par thème et par homogénéité (Maximes sur le social, sur la religion, sur le pédagogique et sur les loisirs).

Assujettis et pendus à plusieurs fils, nous sommes contraints d’évoluer socialement. L’auteur partage avec nous l’importance de bien choisir son ami qui peut aussi devenir son pire ennemi. Il nous y révèle aussi qu’une dispute doit permettre de régler un problème et non d’en créer. Nombreux sont ceux qui utilisent la force physique pour régler un différend, ceci doit tout simplement être banni. Il doit laisser la place à l’argument des idées. 

Chérif nous invite à observer et à adopter le pardon et d’en faire ainsi un fer de lance. « La meilleure vengeance, c’est de laisser tomber, de poursuivre sa route » Autrement dit, c’est de pardonner. N’est-ce pas Dieu classa le Prophète comme étant la meilleure des créatures ? C’est parce que l’essentiel de son combat était le Pardon. Il fait de la souffrance une arme. Le pardon fut d’une nécessité vitale au cours de sa vie.

Parmi les esquisses au développement personnel on y trouve aussi la discipline. L’auteur nous invite à mieux nous éduquer et à respecter les rangs, les longues files d’attente. Car ceci cultive l’art de la patience. Personne ne doit se croire plus pressé ou supérieur aux autres. L’auteur nous invite à mieux prendre en considération nos parents. Car beaucoup de jeunes aujourd’hui, ne peuvent ni écouter leurs parents ni suivre leurs conseils. Ce qui mène tout simplement à la perdition. Les parents ont investi beaucoup de temps et d’argent pour que les fils grandissent en sécurité. Alors lorsqu’arrive le moment de parole : ils doivent être écoutés ! « Si tu fais partie de ceux qui disent que leurs parents ne les comprennent pas, essaie de les comprendre eux aussi. »

Notre société a un problème sérieux avec l’argent. Je disais dans l’un de mes publications sur les réseaux sociaux que le Sénégalais lambda a un rapport féroce avec l’argent. « L’argent est une énergie neutre, tout dépend de la façon de s’en servir » dixit Chérif. Il faut aimer l’argent sans l’adorer ni en faire une obsession ou observer une quelconque frénésie à son égard. 

Chérif nous avertit sur un point extrêmement sensible que notre société a tendance à développer : le culte du jugement par l’apparence. « Cesse alors de minimiser à première vue l’autre. L’apparence est souvent trompeuse. Serigne Touba nous disait également : « Respecte toute personne. Même si celle-ci te paraît pas du tout respectueuse et indécente » L’habit peut aussi ne pas faire le moine.

L’auteur nous invite à cacher nos soucis, à les éloigner loin de la sphère publique. D’endurer nous-mêmes, notre propre endurance « Aussi, même si tu as de sérieux problèmes, fais tout pour les dissimuler » Serigne Touba nous dit « Sois quelqu’un qui voile dans la mesure du possible ses peines et difficultés, si tu le fais tu auras tout ce que tu veux et tu dépasseras ta Génération. (…) Sois celui qui endure dans la patience les difficultés jusqu’à ce que les gens pensent que tu es quelqu’un de bien aisé » La réponse est là !

« La meilleure position dans les moments difficiles est, certes, la patience » La patience, une forte dose d’endurance et de tranquillité face à l’épreuve peut nous ouvrir toutes les bonnes portes et fermer les mauvaises. Serigne Touba nous dit dans son livre La satisfaction des besoins « On ouvrira à celui qui frappe avec obstination à une porte ». Chérif nous conduit aussi à savoir accepter l’autre. Ici l’enfer ce n’est pas les autres,  mais le paradis. Savoir accepter l’autre, c’est savoir accepter ses peines, sa tristesse, ses douleurs, ses gênes et ses caprices. Aussi longtemps que le monde existera d’ailleurs, il n’y aurait un individu sans défauts. Duc de La Rochefoucauld nous dit : « Il y a une infinité de conduites qui paraissent ridicules et dont les raisons cachées sont très sages et très solides »

La boussole de la réussite est un livre plein d’enseignements et de vertu à adopter au quotidien. La même tradition prophétique est des fois appliquée. Chérif nous suggère que lorsqu’il y a problème entre deux personnes, il ne faut pas simplement d’une seule oreille. Il te faut consulter les deux, ainsi deux versions des faits te seront données. N’est-ce pas ce qu’appliquait le Prophète Mouhammad (PSL) ? Mais quoi qu’il soit, la vérité apportera toujours la paix au cœur et le mensonge lui apportera le doute.

Tout au long de l’ouvrage de grands auteurs sont donnés comme exemple et leurs enseignements promulgués. Hélas ! Ce que je réclamerai d’ailleurs à l’auteur de ce livre, c’est qu’il faille autant de récits sans en inclure un ou plusieurs auteurs africains ou sénégalais tout court. L’on ne saurait croire qu’en Afrique, il n’y a pas d’hommes sages. 

La religion et la vie professionnelle peuvent aller ensemble selon l’auteur. On peut bien assoir notre base en religion et avoir autant une réussite dans la vie. Il donne l’exemple d’Ahmadou Tall, d’Abdoul Aziz Kébé (un célèbre islamologue sénégalais). Il passe aussi en revu la pyramide de Maslow comme le besoin ultime de la satisfaction des désirs de l’individu, mais qui y rajoute un degré plus élevé : celui de la foi. « Trouve-toi donc un moyen pour toujours raviver ta foi »

L’auteur fait des fois référence à la « Tariqa » ou confrérie en Wolof sans en donner la signification exacte. Nous sentons le besoin de le mettre ici en traduction. Saurait été bien apprécier qu’il y entre en profondeur pour éclairer un peu les néophytes que nous sommes. Il nous invite à aimer la connaissance, à la dompter, à l’épouser avec tout le respect qu’il se doit. Et que la patience guide notre raison. Au-delà de la patience vient également l’endurance et la persévérance : deux éléments phares pour la réussite d’un être humain. « L’eau tombant goutte à goutte à la longue, perce la pierre » Serigne Touba nous dit dans son livre La satisfaction des besoins « On ouvrira à celui qui frappe avec obstination à une porte ». Le secret est la persévérance.

Affilier la science et la connaissance par le silence est un grand symbole. Chérif enseigne qu’on devrait d’abord commencer par la recherche de la connaissance avant la parole et l’action. « Le savoir débute successivement par le silence, l’écoute, la mémoire, le travail et enfin la divulgation » Ainsi le Pr Felwine SARR nous disait dans son livre Méditations africaines « Qui écoute apprend. Voilà su ce que tu ne savais point. Ce que tu savais déjà, voilà que tu en fais une autre connaissance. Quant à ce que tu croyais savoir, te voilà sorti d’une longue nuit » Le silence alors est une extrême forme de liberté. 

Nous devons nous parler nous-mêmes. Se consulter avant de prendre toute décision. Recueillir l’avis de personnes venues d’ailleurs. Ainsi on aura une large possibilité de conseils et par conséquent on aura une probabilité élevé de pouvoir faire un bon choix. L’adage dit « Celui qui consulte fréquemment sera loué s’il réussit, et excusé s’il échoue ».

La boussole de la réussite semble plus être un livre de développement personnel. Un livre qui enseigne et qui éduque. Comment nous devons interagir vis-à-vis de l’extérieur. L’auteur y bannit également le niveau « moyen ». Combien d’hommes sont passés à côté de leur vie juste parce qu’ils avaient opté pour le niveau moyen ? « A force de faire simple, on ne fait rien du tout et on passe à côté de notre vie »

Côtoyer les personnes âgées fait partie des moyens d’obtenir la sagesse car cette dernière est déjà polie et mure. Elle est acquise dans le temps et dans l’espace, ainsi elle est prête à être transmise. Le repos c’est aussi du travail. L’auteur nous invite à libérer notre corps et notre esprit des fois. Ainsi vider ces derniers des mauvaises substances nocives pour que germe une sève pure qui arrosera notre âme. De temps en temps, il faut se reposer et ne rien faire. 

La boussole de la réussite est un pilier d’orientation. Un livre plein de conseils très utiles pour le culte de l’âme et pour polir sa spiritualité. Dieu étant au début et à la fin de tout processus, la jeunesse gagnerait mieux à l’adorer par amour et non pas par crainte. Jean Jacques Rousseau conclut « La jeunesse est le temps d’étudier la sagesse et la vieillesse est le temps de la pratiquer »

abdoukhadre2011@gmail.com

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