Avec ce fanatisme religieux rampant et debout à la fois, je
pense qu’il ne faut pas traiter l’Islam en tant que croyance religieuse mais
des groupes de musulmans engagés qui, en Afrique, Asie, Amériques ou Europe, en
ont fait leur programme politique.
Le Nouvel ordre mondial voulu par les USA avec la Guerre du
Golfe et remodelé par l’effondrement du Bloc soviétique, a eu des répercussions
sur les croyants. Les bombardements contre l’Irak, la Bosnie, Tchétchénie…. ont
contribué à cristalliser une identité musulmane radicale. Des questions de fond
se posent : la Oumma (la communauté de croyants) doit-elle remplacer la Patrie,
la Nation actuelle ou la Démocratie actuelle ? Sous quel nom se cacherait
une telle modélisation ou appellation ? La laïcité ? Le caractère
indivisible des Républiques ?
Les Etats « islamiques » peuvent-ils servir de
modèles ou sont-ils déjà dépassés ? Cela montre l’hétérogénéité des
réponses et prouve le non-monolithisme de l’Islam engagé sur les quatre
continents.
Certaines organisations politiques étudiées sont
clandestines, d’autres ont pignon sur rue et recrutent tant dans l’élément
masculin que féminin. Leur essor s’explique-t-il par leur projet culturel ou
par leur programme social qui répond à l’aspiration des populations au
changement ?
Ainsi donc, d’interrogations en doutes et de doutes en constats
personnels, en accusations, en introspection et procès intimes, je me suis
laissé convaincre que les chemins de l’Afrique qui se décideraient d’être
croyants et ceux du reste du monde risquent de ne plus croiser. Enfin, comment
ne pas alors se poser le problème ailleurs, presque sur une autre planète ?
C’est en cela que je crois : aider à comprendre sans
détour et montrer sans restriction pourquoi notre chemin peut ainsi ne plus
être le même que partout. Un regard honnête, fait de dénonciations ; une
peinture franche de la réalité de tous nos travers et une parfaite
reconnaissance de notre peuple de valeurs et de croyances pourrait nous y aider.
Je propose une réconciliation totale, une rédemption
générale, les énergies de la Oumma éparpillées et perdues doivent être
rassemblées autour de la bonté islamique qui est le substitut de la violence de
la classe et de la guerre civile qui nous menace.
Les énergies des jeunes de l’Afrique émergent et qui sont
orientées ailleurs sur des futilités doivent être reconcentrées. Mais leur
pouvoir de changer les choses par leur enthousiasme permanent, les capacités
des intellectuels et des hommes de sagesse et d’expérience se perdent dans les
discussions doctrinales et sectaires malheureusement où l’on convoquerait de
grands érudits et docteurs de l’islam « ancien » « et
moderne » pour les réconcilier. Le débat n’est pas là, il est plus urgent ailleurs.
C’est autour de la religion que les efforts de l’Humanisme
doivent être décuplés. L’Histoire nous avait donné raison qu’on ne peut
protéger un patrimoine déjà acquis, il peut de surcroît tomber à l’eau comme un
château de cartes. En Tunisie par exemple, le Gouvernement supervisa la
création en 1970 de l’Association pour la sauvegarde du Coran, afin de faire
émerger une force capable de s’opposer à l’influence marxiste au sein de la
jeunesse, dans les lycées et à l’Université.
À ce 21ième siècle, il faut comprendre que la
force des convictions pour l’Islam ne doit pas avoir comme argumentaire la
force et la défense. Il faut comprendre par-là qu’il faut se laisser aller, se
laisser pénétrer, attirer l’autre et l’entrainer librement dans l’idéologie (ce
que les autres ont maîtrisé le plus).
L’abdication lâche et honteuse des maris, le cosmopolitisme,
l’alcoolisme, l’une des principales causes de divorce, le snobisme, qui
consiste à toujours suivre l’Occident dans ses turpitudes et ses acrobaties à
l’air libre et à adopter le semi-nudisme ne sont guère des choses à encourager.
Et il se trouve que dans l’intention désespéré de donner un
sens à leur vie, beaucoup d’entre nous se tournent vers la religion, parce
qu’une lutte au nom de la foi paraît toujours la preuve évidente d’une certaine
grandeur. Et ils se disent « Nous travaillons pour DIEU et Son
Prophète ». Ils se transforment vite à leurs heures perdues en dévots, se
reconvertissent en évangélistes et finalement en fanatiques.
Cela peut vite se comprendre puisque le vide laissé par les
intellectuels à l’Université d’al-Azard au Caire en 1961 après l’étatisation de
cette dernière est à l’origine de tout ce fanatisme religieux car ce vide a été
comblé par des penseurs médiocres et une littérature de pacotille.
abdoukhadre2011@gmail.com
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