De 1960 à 1980, le Président Senghor a sauvegardé
l’essentiel. Il a bâti un Etat, mis en place une administration performante et
ponctuelle. Aujourd’hui ce n’est plus cette administration qui se présente sous
nos tropiques. Elle est complétement bouleversée et désorganisée à qui veut
l’entendre. Des fonctionnaires qui ne fonctionnent pas, des hommes incompétents
à la tête de nos institutions aux bureaux climatisés, des employés fictifs et
des consultants jamais consultés. Le fruit d’une administration légué par le
poète-président ne durera pas longtemps pour se voir ainsi étranglé par toutes
les maladresses des hommes qui pilotent le cœur du système.
Force est de constater que l’administration sénégalaise se déconstruit.
Elle n’assure plus toutes ses fonctions. L’administration n’administre plus. Il
est bien que des gens informent le public de ses dérives et malversations.
L’opinion publique doit savoir car c’est un impératif catégorique le fait de
relayer l'information pour faire face à cet énergumène d'opportunistes et
d'égocentriques. Le Sénégal souffre de tous les maux y compris ceux de son
administration laissée à elle-même.
Trop de négligences dans l’administration sénégalaise. On se
permet de saboter la hiérarchie dans les services et postes de travail. La
rigueur dans le travail n’existe que dans la forme. On se permet même des fois
de parler une autre langue différente du français qui est la langue de travail.
Le sens médiocre de la bureaucratie est utilisé à bon escient. Ça pourrait expliquer
aussi la baisse du niveau de la langue de travail qui tend de plus en plus à s’affaisser.
Le lieu de travail, que ça soit dans une administration, au marché, à l’atelier
doit être un endroit sacré car susceptible de participer au développement d’un
pays. Pour aller dans nos lieux de travail, on s’habille comme pour aller au
marché. Nos administrations sont devenues des dortoirs pour certains fonctionnaires
fatigués et n’ayant rien à faire dans la journée, et pour d’autres un salon de
coiffure pour se préparer avant d’aller à une cérémonie à la descente.
Nous avons réussi à faire du populisme, d’agit-prop, de démagogie
politicienne, à faire démythifier totalement la fonction suprême. L’image dévastatrice
pour la suprématie et le prestige de l’administration est plus désastreuse que
le désastre lui-même. Aucun de nos fonctionnaires n’a échappé à la spirale de
la déconstruction. Notre administration qui faisait figure de modèle au Sénégal,
a été démolie voire dénaturée. Délaissés, dépourvus de moyens, gouverneurs, préfets
et sous-préfets en sont aujourd’hui réduits à « brouter là où ils sont attachés
». Leur sort est identique à celui de tous les hauts fonctionnaires qui, telles
des coquilles vides, ont été dessaisis des tâches importantes confiées à des
agences chargées des travaux publics, de la promotion des investissements, de la
construction des routes, des transports etc.
Il est révolu le temps où le mérite des serviteurs de notre
administration était ceux qui avaient du mérite. Qui s’installe, installe ses
hommes. Les temps ont changé. Si bien que toute l’administration s’est retrouvée
sens dessus dessous. Les pratiques les plus domestiques se retrouvent de plus
en plus dans nos administrations. Les fonctionnaires et même le vigil à la
porte peuvent user des ressources de l’administration à des fins purement personnelles
avec la complicité d’autres. Les téléphones deviennent nos propres biens, on se
retrouve avec des sommes faramineuses qui devront justifier la consommation
exorbitante des téléphones et des ressources des entreprises et services. Téléphone
qui veut. Et souvent ce sont des discussions futiles à la limite n’ayant aucun
trait à une tâche ou procédure administrative qui vient polluer le cadre de vie
de l’administration.
abdoukhadre2011@gmail.com
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