« Dans 10 ans, il
n’y aura pas d’eau à Dakar » dixit Gnagna SY, Coordonnatrice du mouvement des citoyens
vigilants. Sur quelle étude se base une telle affirmation gratuite ?
La cimenterie Dangote a commencé son exercice le 10 Décembre
2014. Elle demeure une firme du Groupe
Dangote. Après le démarrage de cette cimenterie sénégalaise, son concurrent
français Vicat est déterminé à faire condamner l'État, qu'il accuse d'avoir
indûment favorisé le groupe nigérian d'après Boubacar Camara, patron de
sa filiale Sococim, les autorités
auraient permis à la cimenterie Dangote de passer outre les réglementations
locales, environnementales, et sociales, entraînant une distorsion de la
concurrence. De quelle distorsion nous parle-t-on ? Rappelons que le Groupe
Vicat est une cimenterie fondée
par Joseph Vicat, fils de Louis Vicat, en 1853
à Vif (près de Grenoble, dans le
département de l'Isère), aujourd'hui cotée en bourse mais dont le capital
est toujours contrôlé par la famille Merceron-Vicat. Donc une filière française.
Figurez-vous, les travailleurs de la cimenterie Dangote
étalent leurs maux et observent un arrêt de travail (NDLR Seneweb). Comme motif
« cinq (5) mois de travail dans l’usine, nous ne sommes pas encore en
disposition de nos contrats malgré plusieurs démarches de régularisation auprès
de l’inspection du travail. De ce fait, nous ne disposons d’aucun de nos droits
sociaux règlementés par la législation sénégalaise notamment, Ipm, Ipress,
Caisse de Sécurité Social » dixit l’un des travailleurs. Là où les
dirigeants de la cimenterie crient haut et fort que toutes les procédures de
réglementation des travailleurs ont été respectées, en tout cas du moins pour
ceux qui bénéficient d’un contrat à durée déterminée ou indéterminée. Alors il
est normal que ceux qui n’ont pas de contrat ne bénéficient pas non plus de
toutes ces prérogatives.
On est poltron face à la concurrence ! Tous les moyens
sont bons pour contrecarrer l’initiative locale et plus particulièrement celle
africaine. Après une telle mascarade et une forte intoxication politique et
médiatique, place maintenant à la campagne de diabolisation qui attire le plus
notre attention. Sur les réseaux sociaux, dans les journaux, dans la presse
télévisée, partout on assiste à un complot sans faille destiné à nuire et à condamner
à tort la cimenterie Dangote. Ayant comme argument « La baisse de la nappe
souterraine et la disparition complète et totale de l’eau potable dans 10 ans »,
les pionniers du mouvement de riposte « Buléen Ñu Yokk Mar - Ne Nous
Assoiffez Pas Davantage » veulent plus que jamais mettre la
pression sur l’Etat afin que la cimenterie puisse revoir ses méthodes de
travail et ne plus utiliser le système de refroidissement par eau comme méthode
d’exploitation de l’eau potable et de migrer vers le système de refroidissement
par ventilation.
Que de contrevérités dans cette campagne ! Que d’amalgames
non encore élucidés. Le refroidissement à eau (« Watercooling » en
anglais) est une branche du refroidissement liquide ayant pour particularité
d’utiliser l’eau comme liquide caloporteur. C’est un système de refroidissement largement répandu dans
l’industrie automobile et la production d’énergie. Plus récemment, le
refroidissement à eau a fait son apparition dans le secteur de la
micro-informatique pour pallier les inconvénients du refroidissement à
air. La principale
alternative à un système de refroidissement à eau est l’utilisation d’un
refroidissement à air. L’utilisation de l’eau présente cependant l’avantage
d’avoir une meilleure conductivité
thermique que l’air
et est un bien meilleur caloporteur. Concrètement, cela permet de refroidir un
même système plus efficacement avec une surface d'échange équivalente tout en
ayant un débit et un déplacement de fluide moindre.
Ce procédé présente également la possibilité de déporter le
système de refroidissement loin de la source de chaleur, lorsque celle-ci se
dégage dans un espace restreint ou inadapté par exemple. C’est pourquoi cette
configuration s'avère particulièrement avantageuse lors du refroidissement de
composants informatiques. Plus généralement, l’eau présente l’avantage d'être
non toxique (ce qui est bon pour l’utilisation du ciment), fluide et relativement peu chère. On peut également lui trouver des avantages
lors d’utilisations plus spécifiques, par exemple, l’eau de refroidissement qui
enveloppe un moteur à explosion apporte une isolation sonore supplémentaire.
Le système de refroidissement à eau n’a pas d’inconvénients directs
liés à notre survie, plus particulièrement celle de l’eau potable pompée par la
cimenterie. Ces derniers demeurent justes au niveau de la mise en place et de
la maintenance. Un système de refroidissement à eau est généralement plus
complexe à mettre en œuvre qu’un système de refroidissement à air, surtout pour
de petites installations. De plus, la proximité du liquide avec les éléments à
refroidir impose dans la majorité des cas une excellente étanchéité du système.
Un second problème apparaît lors de l'utilisation de métaux
différents au sein d’un même circuit. Il s’agit de l'oxydoréduction. Si ce phénomène n'est pas contrôlé, il peut mener à long
terme à l'apparition de fuites généralisées, une obstruction du système, des
détériorations au niveau de la pompe, voire une destruction des pièces
métalliques, ce que l’entreprise respecte jusqu’ici raison pour laquelle la
qualité de son ciment est supérieur à celle de toutes les cimenteries de la
place (Sococim et cimenterie du Sahel).
Il est donc primordial de considérer ce phénomène dès la
conception du système. Les solutions classiques consistent en l’utilisation du
même métal au sein de toute l'installation ou au remplissage du système avec un
liquide caloporteur empêchant ce phénomène. L’eau déminéralisée possède par exemple un fort pouvoir isolant permettant de réduire les risques
d'oxydoréduction et de minimiser les dégâts en cas de fuite.
Alors pourquoi tout ce déguisement ? Pourquoi cette
intoxication ? Pourquoi autant de manipulation ? Pourquoi toute cette
mascarade ayant comme pion et comme appât ce mouvement « Buléen
Ñu Yokk Mar - Ne Nous Assoiffez Pas Davantage »
En effet, là n’est pas le problème. Pourquoi d’ailleurs, c’est
la cimenterie Dangote elle seule qui sera responsable d’un éventuellement
manque d’eau dans les 10 ans à venir. Il faut rappeler que ce phénomène est
d’ailleurs récurrent dans la zone des Niayes. Et pourtant pas de campagne
destinée à anéantir la surexploitation des ressources naturelles par la Sococim
qui s’est installée depuis 1948, et qui
est devenue par la suite la plus grande cimenterie d'Afrique de l'Ouest.
Les habitants environnants avaient
manifesté leur désenchantement vis-à-vis de l’entreprise quant à la pollution
qu’elle engendre. L’ayant bel et bien compris, elle s’est mise à faire des dotations
en ciment aux populations pour leur dire tout simplement « broutez là où
vous êtes attachés ». Personne ne pipe mot face à une destruction
silencieuse de l’environnement par une firme française.
50 % de l’eau consommée dans les Niayes y compris Dakar
viennent du Lac de Guiers, les autres 50 % viennent de la nappe phréatique. La
cimenterie est implantée dans la zone des Niayes. Donc, de toute façon, la
cimenterie à elle seule ne pourra jamais exploiter toutes les ressources en eau
destinées à la région de Dakar. Qui plus est, ce
problème d’eau est récurrent dans la zone des Niayes, la cimenterie Dangote
n’est pas responsable de cette baisse et ne pourra donc pas être tenue pour
responsable d’un éventuel épuisement de la nappe souterraine. Mme Gnagna Sy l’a déjà souligné sur France
24, « La zone des Niayes
connaît en général ce problème. » Et depuis quand les Français se préoccupent-ils
de la nappe souterraine au Sénégal ? Pourquoi a-t-ton besoin toujours que
les occidentaux nous tendent leurs micros pour que les nôtres puissent
s’exprimer ?
De ce fait le problème est ailleurs. Étudions un peu cette
cimenterie et pourquoi elle est susceptible à une telle dénaturation.
En effet, le ciment de Dangote coûte moins cher que celui des
autres cimenteries. La tonne livrée à Dakar coûte
58.000 FCFA, là où les concurrents livrent à 57.000 FCFA. La Sococim et les cimenteries
du Sahel vendent du 23,5 ; la cimenterie de Dangote est à 42,5 de qualité
supérieure. Ainsi, là où les entrepreneurs en bâtiment utilisent d’habitude 30
briques par sacs, avec Dangote, ils ont la possibilité d’en faire 55. Les 23,5
et les 42,5 ne sont rien d’autre que la résistance à la compression en Méga
Pascal. Autrement dit, si on doit mettre un sac de ciment Sococim sur un
mélange, on dépensera plus que si l’on avait envisagé d’utiliser celui de
Dangote.
La cimenterie Dangote est une
cimenterie africaine de surcroît. Le Nigeria du Nord et celui du Sud furent
unifiés dans la nouvelle colonie du Nigeria en 1914. Son premier gouverneur est alors Frederick Lugard. D’une
relation de causalité, les intérêts de la filiale française sont fortement menacés
face à une loi de la concurrence rude. Reste maintenant à mener une campagne
d’aucun sens et d’aucune légitimé derrière un mouvement qui n’a pas sa raison
d’être et dont les acteurs eux-mêmes sont muets face à une explication
rationnelle sur le pourquoi de leur combat.
Nous ne demandons que des preuves
tangibles, soutenables à la limite pour que nous puissions accepter ce combat
comme étant noble. D’ici là, nous soutenons sans faille cette cause Dangote,
une cause locale que tout Africain devrait soutenir. Ils n’ont rien d’autre en
main qu’une campagne de diabolisation pour les intérêts de la France avec sa
Sococim. Ce n'est pas un villageois qui se plaint de la baisse du niveau d’eau de
son puits qui nous fera croire que c'est la responsabilité de la cimenterie Dangote.
De plus, ce n'est pas parce que les membres de la société civile se plaignent
qu’il faut prendre ces paroles comme étant de bonne foi.
La cimenterie Sococim s’est installée
au Sénégal depuis 1948 mais personne ne l'accuse de tarir les ressources en eau
de Dakar. Toute cette campagne médiatique est destinée à nuire un africain,
Dangote. Un film qui est loin d’être fini. Un parfum de manipulation avec comme
soubassement la défense des intérêts français qui pourtant, selon le libéralisme,
ne sont pas menacés. Je suis d’ailleurs très étonné ces derniers temps de voir
la France et ses succursales sénégalaises s'intéresser à notre environnement, à
notre soif ! Où étaient-ils ? Où étaient toutes
ces voix devant les désastres écologiques liés aux activités de la Sococim. Se
préoccupaient-elles des nombreux cas de décès d'anciens ou actuels ouvriers de
la Sococim du fait de maladies pulmonaires, les clouant au lit et les terrassant
comme des moutons ?
Quant à vous autres, je vous invite à
observer plus de vigilance sur cette campagne française. Une guerre entre une
cimenterie « française coloniale » Sococim et une autre nouvelle
« africaine proche des Etats-Unis » de Dangote Cement vient tout
juste de voir le jour.
abdoukhadre2011@gmail.com
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