mercredi 4 novembre 2015

Démocratiquement, le Sénégal n’est pas un modèle en Afrique



Pourquoi nous obstinons-nous à afficher cette autre prétention selon laquelle nous serions, en Afrique, la référence absolue en démocratie, et qu’en matière d’expression par le suffrage universel, nous aurions pratiquement un siècle d’avance sur nos voisins ? Pourquoi ?

Nous convoquons l’histoire, notre prétendue participation aux Etats Généraux de 1789, l’élection d’un « député du Sénégal » au Parlement français dès 1848, sans préciser que les Cahiers de doléances des « Habitants de Saint-Louis » étaient l’œuvre d’un marchand négrier et que pendant cinquante ans, les députés du Sénégal étaient des « députés absents » au service des maisons de commerce bordelaises. 

De toutes façons, même si elle a été plus ancienne qu’ailleurs, l’histoire électorale du Sénégal n’a jamais échappé ni aux fraudes ou aux manipulations, ni aux violences physiques voire aux guets-apens. 

A quoi d’ailleurs nous a servi cette avance puisqu’en cinquante ans d’indépendance, une seule de nos élections a été reconnue transparente par toutes les parties en cause, que nous avons été parmi les derniers à accepter l’usage d’isoloirs dans les bureaux de vote et, que pour l’élection présidentielle de 2012, le Président Wade et son parti politique avaient récusé le bulletin unique que la République Démocratique du Congo, qui compte plus de 60 millions d’habitants et ne vote que depuis 13 ans à peine, a accepté sans difficultés ?

Cinquante-cinq ans après notre indépendance sur les papiers, nous gardons encore une conception coloniale et un rapport vétuste entre le pouvoir et le citoyen souverain. Pour nous, être au pouvoir revient à être « Buur / Roi », et, à ce titre, on peut comme bon nous semble disposer à loisir des ressources du pays, donc des impôts tirés du contribuable, des ressources du pays. 

Et jamais des autorités n’ont autant que nos ministres, députés et fonctionnaires abusé de ces prérogatives. Pis, leurs fils, leurs entourages, les chefs de services, qui tous, à notre connaissance ne disposent pas de fonds secrets, se livrent à la même gabegie, avec le même manque de discernement.

Les dégâts faits par l’argent aux deux régimes précédents dans nos consciences collectives seront-ils jamais réparables ? Le paradoxe, c’est que la plupart des Sénégalais, d’indigents citoyens et pas nantis, ne sont même pas choqués par l’argent distribué par-ci et par-là de manière parcimonieuse. Ils ne sont guère choqués que les Ministres et PDG comblent leurs congénères et les artistes sur scène d’argent public, qu’ils se remplissent eux-mêmes leurs poches ou des visiteurs plus obséquieux que nécessiteux.


Ces sénégalais au lieu de se concentrer sur le strict nécessaire, regrettent que leur tour tarde à venir. Beaucoup louent la générosité du PDG, du Ministre, du Député ou du Président de la République, alors que donner ce qui ne vous appartient pas s’apparente plutôt à un vol ; quand les bénéficiaires sont exclusivement de votre clan, c’est de la concussion ; quand on prend dès lors aux plus pauvres pour donner aux nantis et aux oisifs, c’est tout bonnement un crime orchestré

abdoukhadre2011@gmail.com

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