samedi 21 novembre 2015

Serigne Touba, Précurseur de la non-violence bien avant les GANDHI et les Martin Luther KING.



À quand la fin de ce complexe de revalorisation du patrimoine national ?
Cheikh Ahmadou Bamba Serigne Touba est une figure incontournable de l’histoire du Sénégal. Un homme de principe. Il prôna la non-violence et revendiqua le droit des noirs bien avant le révérend Martin Luther King et tous ces « gourous » du système de non-violence. Eh oui le Cheikh hormis la violence physique et verbale, comme on nous le cache souvent, était victime d’un traitement raciste.

Nous sommes entre 1882 et 1883. Quelques temps après le rappel à DIEU de son père (Mame Mor Anta Sali), il décida à nouveau de sillonner le pays, cette fois-ci de manière beaucoup plus large. Le but de ce voyage était de rassembler des livres sur le droit, des biographies du Prophète PSL ainsi que des livres de mystique. Serigne Touba était un intellectuel avéré, il lisait beaucoup, se cultivait et écrivait énormément. 

Il confia la direction de l’école à Serigne Abdourahmane Lô, un des élèves de son père qui devint plus tard son disciple et un élément clef de son mouvement. Le Cheikh prit d’abord la direction de Saint-Louis du Sénégal, où il alla voir Moussa Camara. Ce dernier lui renouvela son wird Qadr et certains secrets de la voie. Oui il a acquis le Wird Qadr ! On y voit très clairement qu’il n’a à aucun cas interdit d’aller puiser de la connaissance ailleurs comme le prétendent certains. 

Ensuite, l’étape décisive : la Mauritanie. Il y resta un temps auprès de Cheikh Sidiya Baba. Ce dernier représentait à l’époque le sommet de la hiérarchie Qadr, malgré son jeune âge. Cheikh Sidiya donna à Serigne Touba le wird Qadr pour la troisième fois et celui-ci noua des liens solides avec cette famille. Il eut le plaisir de consulter la bibliothèque de Boutilimit, fondé par le grand-père de Cheikh Sidiya, et qui comprenait des ouvrages que l’on ne trouva nulle part ailleurs. Il reçut ainsi une initiation ainsi que les wirds des voies Shadhites et Tidiane. 

A mon humble connaissance, je ne sais pas combien de temps Serigne Touba a pu séjourner en Mauritanie. Cette étape est importante à souligner. Les proches mauritaniens à l’époque étaient d’un racisme notoire. Le Cheikh commença à écrire un ouvrage nommé Massalikoul Jinane (Les itinéraires du Paradis) qui est sa pièce maîtresse en ce qui concerne sa vision du soufisme. Quelques passages nous témoigneront qu’il a été victime d’actes racistes : 

« Ne te laisse pas abuser par ma condition d’homme noir pour ne pas profiter de mes écrits.
L’homme le plus estimé auprès de DIEU est celui qui le craint le plus, sans discrimination d’aucune sorte.
La couleur de la peau ne saurait être cause de l’idiotie d’un homme ou de sa mauvaise compréhension.
Ô toi qui es intelligent, n’abandonne jamais mes vers sous prétexte que je ne les applique pas moi-même.
Ne fais pas des avantages que DIEU donne, une exclusivité aux seuls anciens, car tu seras ainsi borné et égaré.
Car, il arrive qu’un homme d’époque récente connaisse des secrets qu’ignorait un homme plus ancien. »

Il a été victime d’un acte raciste. Il l’a résolu par l’écriture et non pas par le port d’armes à feu. Alors rien de plus surprenant d’ailleurs si nous tenons en compte du fait que même de nos jours, plusieurs personnes font l’amalgame entre arabes et musulmans. Donc, qu’Ahmadou Bamba, un noir du Sénégal ne soit pas apprécié à sa juste valeur par des arabes de la Mauritanie paraît concevable.

Il est en effet un cultivateur infatigable de la non-violence. Après plusieurs déportations, tortures, agressions physique et verbale, résidences surveillées intenses, combines et tentatives d’assassinats pendant 33 ans, il resta sain et sauf, et ceci sans avoir combattu avec les armes. Et ce processus était enclenché bien avant 1883. Comparé aux Gandhi et Luther King, il est largement en avance. La non-violence a été popularisée dès 1921 par Gandhi en Inde, par la notion d'ahimsâ (du sanskrit a ; « négation » et himsâ ; « violence »), un des fondements du jaïnisme, de l'hindouisme et du bouddhisme. 

Quant à Martin Luther King, son processus débuta avec l’affaire Rosa Parks. Le 1er décembre 1955, lorsque Rosa Parks, une femme noire, est arrêtée pour avoir violé les lois ségrégationnistes  de la ville en refusant de céder sa place à un Blanc, il mène le boycott des bus de Montgomery avec l'aide du pasteur  Ralph Abernathy et d'Edgar Nixon, Directeur local du National Association for the Advancement of Colored People.  La population noire soutient le boycott et organise un système de covoiturage. Martin Luther King est arrêté durant  cette campagne qui dure 382 jours et devient extrêmement tendue à cause de ségrégationnistes blancs qui ont recours  au terrorisme.

Serigne Touba pourtant le rappelle partout dans ses écrits pour ne pas que l’amalgame se fasse. « J’ai signé un pacte avec Allah, même si le Mahdi descendait sur terre appelant au JIHAD par les armes, je ne l’aiderai point. Je ne tuerai ni serpent, ni scorpion, ni aucun vivant ; car la voie que j’ai choisie m’interdit d’utiliser des armes dans mon combat » Il confirme même ainsi la venue du Mahdi de façon et témoigne son ancrage irréversible à la paix et à la non-violence. Il était interdit de tuer et de faire le JIHAD désormais comme au temps du Prophète PSL. C’est la raison pour laquelle il avait choisi comme option d’être le  « bouc émissaire » de tout malheur avec son long exil pour faire partie des gens qui accompagnaient le Prophète. 

A l’époque la consécration de se mettre officiellement au service du Prophète PSL avait un prix. Et ce dernier (le Prophète PSL) lui fait savoir que de lourdes épreuves attendaient celui qui s’engageait sur cette voie, et il accepta les termes du contrat. SERIGNE TOUBA S’ENGAGEA !

En définitive, nous devrons apprendre à revisiter notre patrimoine historique national avant d’aller importer ailleurs des préceptes qui sont déjà bons mais devancés en revanche par les nôtres. Le JIHAD aussi ne serait être interprété par un bain de sang, le vrai JIHAD est une lutte continue avec son âme (Aj Jihadou Nafsse).

abdoukhadre2011@gmail.com

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