À quand la fin de ce complexe de
revalorisation du patrimoine national ?
Cheikh Ahmadou Bamba Serigne
Touba est une figure incontournable de l’histoire du Sénégal. Un homme de
principe. Il prôna la non-violence et revendiqua le droit des noirs bien avant
le révérend Martin Luther King et tous ces « gourous » du système de
non-violence. Eh oui le Cheikh hormis la violence physique et verbale, comme on
nous le cache souvent, était victime d’un traitement raciste.
Nous sommes entre 1882 et 1883.
Quelques temps après le rappel à DIEU de son père (Mame Mor Anta Sali), il décida
à nouveau de sillonner le pays, cette fois-ci de manière beaucoup plus large.
Le but de ce voyage était de rassembler des livres sur le droit, des
biographies du Prophète PSL ainsi que des livres de mystique. Serigne Touba
était un intellectuel avéré, il lisait beaucoup, se cultivait et écrivait
énormément.
Il confia la direction de l’école
à Serigne Abdourahmane Lô, un des élèves de son père qui devint plus tard son
disciple et un élément clef de son mouvement. Le Cheikh prit d’abord la
direction de Saint-Louis du Sénégal, où il alla voir Moussa Camara. Ce dernier
lui renouvela son wird Qadr et certains secrets de la voie. Oui il a acquis le
Wird Qadr ! On y voit très clairement qu’il n’a à aucun cas interdit
d’aller puiser de la connaissance ailleurs comme le prétendent certains.
Ensuite, l’étape décisive :
la Mauritanie. Il y resta un temps auprès de Cheikh Sidiya Baba. Ce dernier
représentait à l’époque le sommet de la hiérarchie Qadr, malgré son jeune âge. Cheikh
Sidiya donna à Serigne Touba le wird Qadr pour la troisième fois et celui-ci
noua des liens solides avec cette famille. Il eut le plaisir de consulter la
bibliothèque de Boutilimit, fondé par le grand-père de Cheikh Sidiya, et qui
comprenait des ouvrages que l’on ne trouva nulle part ailleurs. Il reçut ainsi
une initiation ainsi que les wirds des voies Shadhites et Tidiane.
A mon humble connaissance, je ne
sais pas combien de temps Serigne Touba a pu séjourner en Mauritanie. Cette
étape est importante à souligner. Les proches mauritaniens à l’époque étaient
d’un racisme notoire. Le Cheikh commença à écrire un ouvrage nommé Massalikoul
Jinane (Les itinéraires du Paradis) qui est sa pièce maîtresse en ce qui
concerne sa vision du soufisme. Quelques passages nous témoigneront qu’il a été
victime d’actes racistes :
« Ne te laisse pas abuser
par ma condition d’homme noir pour ne pas profiter de mes écrits.
L’homme le plus estimé auprès de
DIEU est celui qui le craint le plus, sans discrimination d’aucune sorte.
La couleur de la peau ne saurait
être cause de l’idiotie d’un homme ou de sa mauvaise compréhension.
Ô toi qui es intelligent,
n’abandonne jamais mes vers sous prétexte que je ne les applique pas moi-même.
Ne fais pas des avantages que
DIEU donne, une exclusivité aux seuls anciens, car tu seras ainsi borné et
égaré.
Car, il arrive qu’un homme
d’époque récente connaisse des secrets qu’ignorait un homme plus ancien. »
Il a été victime d’un acte
raciste. Il l’a résolu par l’écriture et non pas par le port d’armes à feu.
Alors rien de plus surprenant d’ailleurs si nous tenons en compte du fait que
même de nos jours, plusieurs personnes font l’amalgame entre arabes et
musulmans. Donc, qu’Ahmadou Bamba, un noir du Sénégal ne soit pas apprécié à sa
juste valeur par des arabes de la Mauritanie paraît concevable.
Il est en effet un cultivateur
infatigable de la non-violence. Après plusieurs déportations, tortures,
agressions physique et verbale, résidences surveillées intenses, combines et
tentatives d’assassinats pendant 33 ans, il resta sain et sauf, et ceci sans avoir
combattu avec les armes. Et ce processus était enclenché bien avant 1883.
Comparé aux Gandhi et Luther King, il est largement en avance. La non-violence
a été popularisée dès 1921 par Gandhi en Inde, par la notion d'ahimsâ (du
sanskrit a ; « négation » et himsâ ; « violence »), un des fondements du
jaïnisme, de l'hindouisme et du bouddhisme.
Quant à Martin Luther King, son
processus débuta avec l’affaire Rosa Parks. Le 1er décembre 1955, lorsque Rosa
Parks, une femme noire, est arrêtée pour avoir violé les lois ségrégationnistes de la ville en refusant de céder sa place à
un Blanc, il mène le boycott des bus de Montgomery avec l'aide du pasteur Ralph Abernathy et d'Edgar Nixon, Directeur
local du National Association for the Advancement of Colored People. La population noire soutient le boycott et
organise un système de covoiturage. Martin Luther King est arrêté durant cette campagne qui dure 382 jours et devient
extrêmement tendue à cause de ségrégationnistes blancs qui ont recours au terrorisme.
Serigne Touba pourtant le
rappelle partout dans ses écrits pour ne pas que l’amalgame se fasse. « J’ai
signé un pacte avec Allah, même si le Mahdi descendait sur terre appelant au
JIHAD par les armes, je ne l’aiderai point. Je ne tuerai ni serpent, ni
scorpion, ni aucun vivant ; car la voie que j’ai choisie m’interdit
d’utiliser des armes dans mon combat » Il confirme même ainsi la venue du
Mahdi de façon et témoigne son ancrage irréversible à la paix et à la
non-violence. Il était interdit de tuer et de faire le JIHAD désormais comme au
temps du Prophète PSL. C’est la raison pour laquelle il avait choisi comme
option d’être le « bouc émissaire » de tout malheur avec son
long exil pour faire partie des gens qui accompagnaient le Prophète.
A l’époque la consécration de se
mettre officiellement au service du Prophète PSL avait un prix. Et ce dernier
(le Prophète PSL) lui fait savoir que de lourdes épreuves attendaient celui qui
s’engageait sur cette voie, et il accepta les termes du contrat. SERIGNE TOUBA
S’ENGAGEA !
abdoukhadre2011@gmail.com
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