Pourquoi nous, Sénégalais, croyons-nous que notre pays est,
seul au monde, béni « des dieux », qu’il échappe à tous les désastres
et catastrophes, aux violences populaires, au motif que des êtres d’exception,
voire des « saints », sont nés sur son territoire ?
S’il en était ainsi, le Hedjaz n’aurait pas connu les
attentats de La Mecque, la Palestine, terre sainte des trois religions révélées,
n’aurait pas été en guerre depuis soixante ans, et nous-mêmes n’aurions pas
subi l’accident le plus meurtrier de l’histoire maritime.
Aucun pays je dis bien, aucun pays n’est en vérité immunisé
contre la violence, et ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire pendant des années,
ce qui s’est passé récemment au Mali, pourraient bien survenir au Sénégal parce
qu’en matière de paix et de sécurité, rien n’est garantie sans la tolérance et
la justice. La morne France de mars 1968 n’avait pas vu venir les troubles de
mai, la paisible et paradisiaque Tunisie n’a pas échappé à la Révolution de
Jasmin, et en 1989 on a vu de quelles violences était capable le Sénégalais
ordinaire. On nous pompe l’air avec les prières et bénédictions de nos guides
religieux. Qui n’a jamais péché n’a qu’à lancer la première pierre !
Au Sénégal, nous avons un rapport féroce et gênant avec les
préceptes religieux et le dogme. Les enseignements légués par nos aïeux sont
très clairs : adorer DIEU et suivez ses recommandations. Alors ne soyons
pas surpris par de telles menaces après avoir taillé sur pièce une religion qui
nous est commune. Sommes-nous sur la bonne voie pour nous permettre d’avoir le
privilège de proclamer que le Sénégal est et sera une « terre sainte » ?
Nous sommes totalement en déphasage avec toutes ces recommandations de Serigne
Touba, d’El Hadji Malick et de beaucoup d’autres érudits sont en total
Pourquoi avons-nous autant de mépris pour le silence et le
recueillement et accompagnons-nous toutes nos activités de bruits et de
clameurs, les plus gaies comme les plus tristes, les profanes comme les
religieuses ?
Quel droit peuvent opposer le voisin, le malade, le vieillard,
le nourrisson, soucieux de quiétude, aux décibels qui se déversent de tous les lieux pour
célébrer les mariages, les baptêmes, les décès, les innovations religieuses,
avec souvent le même ton et la même outrance ? Quel besoin d’ailleurs
a-t-on d’appeler les fidèles, par haut-parleur, à 04H30 du matin, quand la prière n’a lieu qu’à 05H40,
d’user du même instrument pour psalmodier des cantiques, surérogatoires, devant
dix personnes quand celles qui sont hors de la mosquée ne peuvent ni vous
suivre ni en profiter ? Dieu n’écoute-t-il donc pas les cœurs et n’entend-il
que les cris ?
Pourquoi la religion est de plus en plus ce qui divise les
Sénégalais et non ce qui les unit, même quand ils professent la même foi ?
Ce qui m’impressionne le plus au Sénégal c’est qu’on a la conception
paradisiaque de toute chose. C’est comme si le Paradis de DIEU a été conçu pour
le Sénégalais en personne. Il se taille comme nos diversités culturelles et
linguistiques. Le Sénégalais après toutes erreurs commises sur terre : ses
malversations, ses détournements et extorsions de fonds, ses actes de truanderie,
ses corruptions sur le peuple, ses magouilles au sein de l’administration, se
voit déjà voyager en « Frist class like a gentleman» pour les
destinations du Paradis.
Rat que nous sommes !
abdoukhadre2011@gmail.com
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