dimanche 8 novembre 2015

La religion « taillée sur mesure » pour le peuple sénégalais ?



Pourquoi nous, Sénégalais, croyons-nous que notre pays est, seul au monde, béni « des dieux », qu’il échappe à tous les désastres et catastrophes, aux violences populaires, au motif que des êtres d’exception, voire des « saints », sont nés sur son territoire ?

S’il en était ainsi, le Hedjaz n’aurait pas connu les attentats de La Mecque, la Palestine, terre sainte des trois religions révélées, n’aurait pas été en guerre depuis soixante ans, et nous-mêmes n’aurions pas subi l’accident le plus meurtrier de l’histoire maritime.

Aucun pays je dis bien, aucun pays n’est en vérité immunisé contre la violence, et ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire pendant des années, ce qui s’est passé récemment au Mali, pourraient bien survenir au Sénégal parce qu’en matière de paix et de sécurité, rien n’est garantie sans la tolérance et la justice. La morne France de mars 1968 n’avait pas vu venir les troubles de mai, la paisible et paradisiaque Tunisie n’a pas échappé à la Révolution de Jasmin, et en 1989 on a vu de quelles violences était capable le Sénégalais ordinaire. On nous pompe l’air avec les prières et bénédictions de nos guides religieux. Qui n’a jamais péché n’a qu’à lancer la première pierre !

Au Sénégal, nous avons un rapport féroce et gênant avec les préceptes religieux et le dogme. Les enseignements légués par nos aïeux sont très clairs : adorer DIEU et suivez ses recommandations. Alors ne soyons pas surpris par de telles menaces après avoir taillé sur pièce une religion qui nous est commune. Sommes-nous sur la bonne voie pour nous permettre d’avoir le privilège de proclamer que le Sénégal est et sera une « terre sainte » ? Nous sommes totalement en déphasage avec toutes ces recommandations de Serigne Touba, d’El Hadji Malick et de beaucoup d’autres érudits sont en total 


Pourquoi avons-nous autant de mépris pour le silence et le recueillement et accompagnons-nous toutes nos activités de bruits et de clameurs, les plus gaies comme les plus tristes, les profanes comme les religieuses ?

Quel droit peuvent opposer le voisin, le malade, le vieillard, le nourrisson, soucieux de quiétude, aux décibels  qui se déversent de tous les lieux pour célébrer les mariages, les baptêmes, les décès, les innovations religieuses, avec souvent le même ton et la même outrance ? Quel besoin d’ailleurs a-t-on d’appeler les fidèles, par haut-parleur, à 04H30  du matin, quand la prière n’a lieu qu’à 05H40, d’user du même instrument pour psalmodier des cantiques, surérogatoires, devant dix personnes quand celles qui sont hors de la mosquée ne peuvent ni vous suivre ni en profiter ? Dieu n’écoute-t-il donc pas les cœurs et n’entend-il que les cris ?

Pourquoi la religion est de plus en plus ce qui divise les Sénégalais et non ce qui les unit, même quand ils professent la même foi ? Ce qui m’impressionne le plus au Sénégal c’est qu’on a la conception paradisiaque de toute chose. C’est comme si le Paradis de DIEU a été conçu pour le Sénégalais en personne. Il se taille comme nos diversités culturelles et linguistiques. Le Sénégalais après toutes erreurs commises sur terre : ses malversations, ses détournements et extorsions de fonds, ses actes de truanderie, ses corruptions sur le peuple, ses magouilles au sein de l’administration, se voit déjà voyager en « Frist class like a gentleman» pour les destinations du Paradis. 

Rat que nous sommes ! 

Les musulmans sénégalais ont de plus en plus tendance à mettre les confréries au-dessus des écoles juridiques, les initiatives de leurs guides au-dessus des enseignements du Prophète PSL et de la parole de DIEU. Celui qui conteste cette vision des choses est désormais menacé de mort, et en l’espace de quelques mois, on a assisté au saccage de plusieurs mosquées par d’autres musulmans, des journalistes, enseignants, chercheurs, chroniqueurs ou hommes politiques n’ont échappé au vandalisme et au lynchage que grâce à la vigilance de certains de certains chefs religieux avisés. Après la menace qui pèse sur la laïcité, ces querelles de clocher seraient-elles l’amorce d’une véritable guerre religieuse ? Ce serait un désastre, car les guerres intestines ont toujours été fatales

abdoukhadre2011@gmail.com

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